Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Chant des Etoiles
30 juillet 2020

Soirée du 17 juillet 2020 - une soirée haute en couleur

Si je me réfère aux précédents billets postés sur ce blog, il semblerait que quatre années se soient écoulées depuis ma dernière soirée en compagnie des étoiles. Une éternité. La faute à la vie et aux autres occupations qui mangent mon temps comme le ferait un trou noir avec toute chose se promenant à sa portée.

La faute aussi à mon déménagement... Oser affirmer que le ciel est le même pour tous est pur mensonge (ou totale ignorance). Sans trop exagérer, je considère ma nouvelle position géographique comme incompatible avec la pratique de l'astronomie. J'habite désormais dans la première couronne d'Angers et, toute la nuit, un léger, mais bien réel, halo de lumière vient gâcher l'obscurité. J'ai même parfois l'impression de pouvoir y voir comme en plein jour. Peut-être que mes yeux ne sont-ils que les jouets d'un a priori, mais je reste intimement convaincu que je ne pourrai jamais tirer parti de ce ciel là. Je dois même avouer avoir commencé à me renseigner sur le prix de revente de mon télescope.

Et pourtant, à quelques menues encablures de ma maison, se dresse un formidable terrain dégagé (pour combien de temps encore, je ne saurais le dire, les champs alentours étant voués à être vendus pour y planter de nouveaux lotissements). Mais que faire quand seules la Grande Ourse, Cassiopée et le Cygne daignent vous rendre visite. Les étoiles sont d’un naturel timide et se plaisent à se cacher à la moindre lueur indiscrète.

pellouailles

Pour cette soirée, je m'étais préparé une liste très ambitieuse d'objets à observer, tous situés autour de la constellation du Cygne. Etaient inscrits à mon programme, les amas ouverts M29 et M39, NGC 7000 (la nébuleuse de l’Amérique du Nord), IC 5070 (la nébuleuse du Pélican), NGC 6992 et 6960 (les Dentelles du Cygne) - même si je ne me faisais aucune illusion sur l’opportunité de pouvoir admirer ces nuages de matière interstellaire, ayant eu de grandes difficultés à pouvoir les admirer sous un ciel d’encre - et Albireo, une étoile qui, parait-il, est de toute beauté.

Mais, bien évidemment, la star de la soirée, restait la comète Neowise, véritable raison de cette sortie nocturne. Visible aisément à l’œil nu peu après le coucher du soleil, les enfants avaient facilement pu apercevoir la tache floue, la veille, au-dessous de Merak de la Grande Ourse, avant de la contempler avec davantage de détails grâce aux jumelles (12x50). Equipé d’un télescope, la belle s’offre à nos yeux sans qu’il soit nécessaire de pousser le grossissement : au 30mm, la chevelure se détache nettement du noyau, telle une traîne, et c’est sans pudeur que la dame exhibe ses charmes. Elle ne reviendra de sa lune de miel que dans 6800 ans, et il me semblait donc primordial de participer à l’événement. Ce fut notre première comète à tous les quatre.

la-comete-neowise-dans-un-magnifique-degrade-de-couleurs-photo-valentin-severin-1594577745

Au sud, Jupiter et Saturne étaient proches l'une de l'autre, dans des conditions idéales pour l'observation. Le spectacle fut, comme à l'habitude, éblouissant. Au 4,7mm, les bandes équatoriales se détachent sans effort. Quant à la Grande Tâche Rouge, je pense ne pas être suffisamment patient. Il faudrait rester l’œil accroché à l’oculaire deux minutes durant, puis faire une pause pendant autant de temps, avant d’y retourner, Après quinze minutes de ce petit manège, les détails devraient surgir plus aisément. Mais il est vrai qu’avec un télescope doté d’une monture non motorisée, l’exercice est plus difficile à mettre en place, la proie ayant tendance à s’échapper.

Je décidai de partir ensuite à la recherche des objets dissimulés autour du Cygne. Mais je ne vis rien, malgré tous mes efforts et beaucoup de contorsions : les astres que je prenais pour cible se trouvaient non loin du zénith, ce qui leur recherche ardue. Sur la ligne reliant Bêta Cygni (la fameuse Albireo) et Vega de la Lyre se situe M56, et je pensais que cet amas globulaire ne serait pas particulièrement difficile à dénicher. Peine perdue, le chercheur restera désespérément vierge de tout point lumineux. J’en vins même à douter de mes yeux. C’est bien malheureux que je décidai de mette un terme à cette soirée.

Mais, soudain, la surface argentée de mon miroir accrocha Albireo et l’univers suspendit pendant un instant son inexorable expansion devant le spectacle coloré qui s’offrit à mes yeux incrédules. Albireo forme un ensemble coloré tout à fait étonnant et qui titille l’imagination. On se prend à voir dans cette gemme double le combat sans fin d’un globe de feu et un monde de glace, et notre esprit est emporté dans cette danse folle et sans fin.

albireo-crop

Si celle que l'on appelle parfois l’« étoile du bec » a permis de clôturer dignement cette soirée, mes doutes subsistent encore quant à la pertinence de conserver mon télescope si près d’une grande ville, moi qui étais habitué à des cieux emplis de poésie. Mais, je me dis aussi qu’il me reste peut-être encore quelques belles soirées à passer dans les froides abysses de l’espace. L’avenir nous le dira.

Publicité
Publicité
Commentaires
Le Chant des Etoiles
Publicité
Archives
Newsletter
Publicité