19H40. J'arrive du boulot. Les marmots ne sont pas là, partis en Vendée avec leur mère. Je ne retire même pas mon manteau. J'ouvre le garage et je sors mon matériel astronomique. Les nuages sont épars. Orion est là, comme à son habitude depuis quelques semaines. Plein sud, face à mon garage, dont j'ouvre le porte.

J'installe sans plus attendre le 17mm, et la Nébuleuse d'Orion (M42) m'apparait dans toute sa splendeur. Le Trapèze brille de tous ses feux, sous l'oeil attentif de trois cyclopes alignés, tandis que de larges bandes sombres semblent former comme un écrin autour de ce trésor.

A l'occasion, je fais une découverte importante, peut-être même la plus importante de notre siècle et qui foule du pied mes convictions les plus ancrées : mon chercheur me donne une image inversée. Ainsi, M42 se trouve au dessus de la ceinture d'Orion. Avec un tel pedigree, je suis très loin de recevoir un quelconque Prix Nobel !

Jonglant avec les nuages, j'alterne entre M42 et Jupiter. La planète est extrêmement brillante. Au 4,7mm, les deux bandes équatoriales se détachent nettement. Europe et Ganymède s'amusent dans un coin, tandis que Callisto transite lentement devant le disque jovien. Pas de Grande Tache Rouge en vue.

Pointant mon tube équipé du 30mm vers Sirius, je me déplace vers l'Est. Je tombe rapidement sur M47, puis M46, deux amas ouverts dissemblables situés dans la constellation de la Poupe (Comment ça vous ne connaissez pas cette constellation!?), mais qui auraient aussi bien pu appartenir à la Licorne ou au Grand Chien. Je vous parlerai dans un autre billet de l'ouvrage de Gilis qui, grâce à ses photos et autres croquis, m'a permis de reconnaître mes cibles.

M47 est un objet délicat, constitué de quelques étoiles brillantes, au centre duquel siège un petit groupe de cinq étoiles. N'étant pas un grand admirateur des amas très ouverts, il me servira surtout de point de repère pour atteindre ma cible suivante.

M46, situé à peu de distance à l'est, est comme la joue d'une jolie rousse piquetée de nombreuses petites taches de rousseur. Les étoiles constituant cet amas semblent assez rapprochées mais sont moins brillantes. L'objet est tout de même facilement repérable. Je tente, vainement d'apercevoir la nébuleuse planétaire NGC2438 (? - l'ai-je deviné ou juste fantasmé ?) qui se dissimule en son sein. Il me faudra renoncer à percer ce mystère, la météo m'empêchant d'adopter un grossissement plus important.

La séance se sera résumée à un formidable jeu de cache avec avec les nuages, pour finir, 90 minutes plus tard, par une victoire des forces du mal (c'est-à-dire les nuages, qui finiront par constituer une muraille impénétrable).

Les lampadaires eux aussi ont décidé qu'is avaient leur mot à dire en terme de nuisance et se sont amusés à polluer mon ciel de leur forte lumière orangée.

Soirée du 22 février 2014 - 19h40-21h15